Cuquel - transhumance de peaux mortes_suc, salive et constance - du 11 décembre 2015 au 08 janvier 2016

Il y a un an, Grégory Cuquel présentait dans un espace collectif de Belleville à Paris, une vidéo réalisée avec Benoit Menard, intitulée "à tant rêver du centre - un film allusif et éditatif", composé à partir de liens hétérogènes trouvés sur Youtube.

L’ensemble de pièces, pour la plupart spécialement conçues pour l’exposition "transhumance de peaux mortes_suc, salive et constance" apparait comme le prolongement naturel de l’intuition évoquée dans cette vidéo en forme de teaser.

La cosmogonie de Grégory Cuquel s’appréhende par le déplacement "transhumance", et la perte du "centre". Cette dynamique de l’errance génère des formes instables. Assemblées de manière précaire, les pièces semblent être la convergence sensible de matériaux hétéroclites, réunies par l’artiste selon leurs lois physiques et leurs qualités associatives. Dans ce champs nomadique, Grégory Cuquel s’intéresse avant tout à la façon dont une sculpture fonctionne, soucieux de l’équilibre, de la gravité, du poids ou encore des rapports d’échelle. Ces préoccupations sont renseignéespar l’intuition, l’experience, le vécu / jeux de montage, d’agencement impulsif, de déconstruction tâtonnante et d’accueil maternel, où les formes se déplacent, mutent, s’hybrident, se démantèlent pour mieux se ré - angencer. Le paysage se fait écosystème de tuyaux emplis de bain moussant parfumé, de plâtre incrusté d’espadrilles, de dessins à la poudre de graphite et dissolvant, d’objets de récupération ou de tiges de métal cintrée en équilibre.

L’étrange physicalité de ce territoire dynamique est une concrétion d’échos, un leitmotiv cherchant formule...

dans leur livre "Mille Plateaux, Deleuze et Guattari ont développé le concept de ritournelle (1), comme le moyen d’appréhender un territoire. C’est un rythme, une scansion, un mouvement qui oscille entre matière encore informe et fragments de matioère en devenir. Lors d’un entretien avec Olivier Zahm (2), Felix Guattari explique que "la ritournelle esthétique passe obligatoirement par un seuil de non - sens, un seuil de rupture des coordonnées du monde. Pour pouvoir faire du récit, raconter le monde, sa vie, il faut partir d’un point qui est innomable, iracontable, qui est le point même de rupture de sens (...) c’est quelque chose qui se travaille. C’est cela l’art."

Avec Grégory Cuqel, nous y sommes justement : dans cet espace où la définition du territoire n’est pas à chercher d’abord dans un geste de souveraineté classique, mais dans l’élaboration patiente et hasardeuse d’une exploration. Le rapport essentiel n’est plus entre matière et forme (encore moins le thème) mais celui de forces, de densités et d’intensités. Son obsession topologique destinée à habiter ce lieu face au chaos et l’informe est la beauté même de sa proposition artistique.

Une machine délirante et joueuse,

Une séance balnéo / plastique...

Olivier Passieux - Novembre 2015

(1) "en un sens général, on appelle ritournelle tout ensemble de matières d’expression qui trace un territoire, et qui se développe en motifs territoriaux, en paysages territoriaux (il y a des ritournelles motrices, gestuelles, optiques, etc.)" (Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie, tome 2 : Mille plateaux, Ed. de Minuit, 1980 ; p. 397)
(2) Olivier Zahm est critique d’art et directeur artistique. il est le fondateur de la revue Purple. Entretien avec Félix Guattari pour la revue Chimère n°23 - été 1994 - Félix Guattari et l’art contemporain".

Lieu : Galerie du 2ème étage
3, avenue Jean Darrigrand - 64100 Bayonne

Date : Vernissage - le vendredi 11 décembre à 18h30
Exposition : du 11 décembre 2015 au 08 janvier 2016

heures d’ouvertures : 10h - 12h / 14h - 18h

renseignements : ecole-art@agglo-cotebasque.fr
0559594841



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