Dès que l’on écrit, il y a tout de suite un lieu, et même plusieurs : celui d’où l’on écrit, celui dans lequel notre sujet s’anime et celui de la page. C’est ainsi que je vois la page, scène ouverte où le mot, la phrase, le corps vont se produire, se reproduire, vers l’impact et l’épure. Entre ces lieux se développe et se libère une écriture de la sensation où tout peut arriver.

Pour la composer archives, poésie, prose, images, témoignages aussi, se rencontrent, se percutent, utilisent leur voix propre et s’enrichissent pour toujours inventer et questionner la langue. En aller/retour perpétuel entre la mesure du mot, la démesure des idées, je travaille à (re)penser l’idée que l’on se fait des limites, afin de mieux les dépasser.

De livres en expériences, nous partirons pour une exploration de l’écriture et des territoires qu’elle libère.

L’écriture, mesure et démesure
je n’écris pas une histoire mais une langue
je n’écris pas une situation mais une forme
je n’écris pas des personnages mais des langages
je n’ai pas besoin de sentiments d’anecdotes d’amour
je veux des puissances des mots ajustés des possessions des folies des guérisons
je veux des volumes - pas des décors pas des déguisements pas des costumes
je me fous de la narration de la progression
je marche dans la boue je tombe à genoux je frappe au cœur
chaque mot est une découverte une horreur une solitude
deux mots sont un miracle
les recherches interrogent le sujet le rencontrent l’écorchent
l’écriture est une anatomie - elle sort chaque organe le pèse le soupèse le dissèque
l’écriture est une démesure où chaque déplacement est très précisément mesuré.