L’École supérieure d’art accueille l’artiste peintre Charlotte Denamur pour un workshop de trois jours auprès des étudiants de ses classes Prépa Art & Prépa Design. En guise d’introduction à ce temps pédagogique, l’artiste présentera son travail à l’occasion d’une conférence publique.

Elles s’appellent « Béguin », pour s’être entichée de la façade majestueuse de la résidence Moly-Sabata ; « Fontaine », pour mieux descendre en cascade le long d’une salle toute en longueur du même bâtiment, ou encore « croche-patte » ponctuant en virgule autoritaire le reste d’un accrochage mural et contraignant ainsi le regardeur à marquer une pause face à cette incongruité hors cadre. Les peintures spatialisées de Charlotte Denamur font corps avec les espaces qu’elles habitent.

Travaillées sur des chutes de tissu et sans châssis, le plus souvent au sol de son atelier sur lesquels elle déverse ses jus maison fabriqués à partir d’un mélange d’eau, d’acrylique, de pigments ou de paillettes, elles viennent ensuite épouser ou contredire les espaces dans lesquels elle est invitée à exposer. Etendues sur une corde à linge invisible, épinglées à même le mur ou jetées à terre, elles se logent et s’épanouissent avec une certaine candeur, comme si elles cherchaient à prendre place provisoirement, le temps de dégorger.

Sa dernière grande installation présentée à l’IAC de Villeurbanne dans le cadre de la Biennale de Lyon s’intitulait « Les Rosées bleues ». Spectaculaire, avec ses 45 mètres de toile délayée au plafond en vagues successives, ce paysage suspendu semblait essorer la fraicheur des petits matins et le bleuté fragile du givre. Avec lui c’est une histoire de la peinture que charriait aussi ce torrent coloré, références tous azimuts aux proportions hors norme et à la palette de l’énergique « Danse » de Matisse, autant qu’aux drippings et autres pouring (néologismes issus des verbes to drip, gouter et to pour, verser) de Pollock.

Texte de Claire Moulène