Comiques troupier, femmes à barbe, dompteurs d’haricots sauteurs : lorsqu’on m’interrogeait étudiante sur la manière dont je venais à l’art et sur ma motivation artistique, mon esprit s’égarait vers la foire et le carnaval, vers un freak show de personnages, une galerie d’espèces, de substances et d’histoires.

Ma relation avec la pratique artistique aujourd’hui se fait toujours à travers le corps de personnages peu importe l’espèce, à travers l’incarnation et l’animation de concepts et de sentiments, à travers le spectacle rabelaisien qui permet aux mythes de prendre vie et aux faits de se fondre en formes... Et puis j’ai poursuivi cette croyance en la puissance des cosmogonies, et j’ai commencé à improviser avec le monde et ces réalités sociales, des fois insoutenables.

Je me vois comme une anthropologue refoulée, une wannabe witch, une dévote profane, des fois même franchement une bouchère monteuse. Croûte d’humus, magma de pigments, flaque d’esprit.

Le grotesque, le primitif, l’archaïsme encapsulés dans chaque mouvement de notre vie, dans nos gestes et nos paroles, sont toujours prêts à exploser, je veux les réveiller.